N’occupant que 2% de la surface terrestre, les villes concentrent actuellement 56 % de la population mondiale.
D’ici 2050, ce sont même 7 personnes sur 10 qui vivront en milieu urbain*. Les villes d’aujourd’hui doivent donc impérativement s‘adapter et celles à venir, sortir de terre différemment. Selon plusieurs experts, la ville de demain devra être plus compacte, économe et naturelle, au service du bien-être humain et de l’environnement.
Avec une consommation de près des deux tiers de l’énergie mondiale et plus de 70 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre, les aires urbaines ont un long chemin de rédemption à entamer, avant de devenir vertueuses et responsables. Mais comment faire face à des enjeux contradictoires comme donner plus de place à la nature, tout en créant plus de logements ? L’espace urbain détient néanmoins, dans son essence même, des clés d’amélioration.
Ainsi, les experts du GIEC estiment que « la concentration des gens et des activités est une opportunité pour améliorer l’efficacité des ressources et décarboner à grande échelle », grâce à un très facile partage des infrastructures et services.
La ville de demain devra donc être « compacte », verte, et piétonne. Compacte, avec des surfaces réduites à l’image des
mini-maisons (voir page suivante), mais aussi construite en hauteur, pour limiter les trajets et l’empreinte carbone. Une grande ville, organisée autour de petits îlots de communautés, avec tout à portée de main et de pieds. Paris débute ainsi sa (re)construction de ville du « quart d’heure », imaginé par Carlos Moreno, suivant des précurseurs comme Portland ou Barcelone avec ses petites unités, composées d’espaces végétalisés où commerces et piétons ont remplacé les voies rapides.
Un défi complexe, surtout en milieu rural, où l’absence de commerces et transports en commun oblige à l’utilisation massive de la voiture.
Vert et bleu, telles seront les couleurs de la ville de demain, avec un besoin essentiel de reconnexion à la nature, qui ne se limite plus à des parcs épars. On parle ici d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques utilisant des matériaux naturels à forte inertie thermique, comme les toitures et façades végétalisées.
Place aussi aux forêts urbaines, aux surfaces perméables ou au geocooling puisant la fraîcheur du sol profond. Des solutions
naturelles, capables d’absorber le carbone et rafraîchir des villes, également sources d’une meilleure santé publique. Selon la
fondation FondaMental, l’Europe compte en effet deux fois plus de personnes atteintes de schizophrénie en ville qu’en milieu
rural avec peu d’espaces favorables au lien social. Les espaces naturels et notamment partagés, contribuent eux au contraire,
au jaillissement de l’étonnement et des rencontres, et contribuent à apaiser le stress, l’anxiété et la dépression. Un monde dessiné ou construit depuis plus de 40 ans par l’architecte Luc Schuiten, avec ses jardins verticaux, maisons bioclimatiques ou son rêve d’habitarbres et d’archiborescence, des logements organiques et une cité en osmose avec le végétal.
Fin 2024, Vichy et Vichy Communauté déploieront leur projet Territoire Intelligent et Durable (TID) au service de la décarbonation, l’un des plus ambitieux à l’échelle des villes moyennes françaises.
Gestion optimisée des ressources, des consommations énergétiques et des déchets, stationnement intelligent, bornes
électriques, véhicule autonome, caméras connectées… des innovations pensées afin de libérer du temps pour mieux accompagner les usagers et accélérer la décarbonation.
Des bénéfices environnementaux, financiers (économies de fonctionnement + coûts évités) et sociaux sont avancés, avec une
meilleure relation et implication citoyenne.
Une ville plus intelligente pour revenir finalement … à l’essentiel.
Bénédicte Rollet
Extrait de "L'ECO du Bourbonnais" n°17
*chiffres Banque mondiale